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copy Luc Corbaye

La Pièce

Vie de la révolutionnaire Pélagie Vlassova de Tver
D'après le roman de Maxime Gorki
Texte de Bertolt Brecht - Musique de Hanns Eisler

1905. La Russie tsariste. L'histoire d'une vie. Le récit d'un apprentissage. Une fable qui transcende l'Histoire. Une fable à la ligne épurée. L'histoire d'une femme qui apprenant à lire un livre apprend à lire le monde. Forte de son modeste mais inestimable acquis, elle ne peut plus voir le cours de sa vie s'écouler sans mot dire. Si le monde tarde à changer, sa vision en est révolutionnée. Et celle-ci entraînera une action nouvelle. De son long apprentissage, elle retiendra : "Quand ceux qui règnent auront parlé, ceux sur qui ils régnaient parleront. Qui ose donc dire jamais?"

Informations pratiques

Du 07 novembre au 06 décembre 2008
20h15 - Du mercredi au samedi
Renseignements et réservations : 04/377 61 18

Usine CSI - Rue de Boncelles à OUGREE
(L'itinéraire flèché)

Le Lieu

Le Lieu
USINE CSI à OUGREE

mercredi 22 octobre 2008

Pourquoi raconter cette fable aujourd'hui?

Le point de vue du metteur en scène :

"Cette pièce est écrite pour aujourd’hui. Au-delà de l’écho historique qu’elle évoque et dont nous avons besoin pour comprendre notre actualité, le texte questionne le contemporain. Avant tout, au premier degré, et si on considère notre humanité dans sa globalisation : au regard des trois milliards d’humains qui vivent avec moins de deux dollars par jour, cette pièce ne peut être lue que pour elle-même, au premier degré, comme un manifeste.
Pour nous, je parle des gens qui vivent dans un relatif confort, elle résonne différemment. C’est un appel à la revisitation de nos savoirs. Si nous savons lire et écrire (bien qu’en Belgique 10% des gens ne le savent pas, sont analphabètes, et on peut ajouter à cela 10% qui le font vraiment mal), au-delà de cette question première (et catastrophique), les autres, nous, ne savons pas lire le média dominant : la télévision, l’image, l’information et le divertissement (« l’entertainment » si cher à nos concepteurs télévisuels philo-anglo-saxons qui ne parle que des langues latines !). En son temps, c’était le journal qui dominait les esprits « cultivés », aujourd’hui, c’est l’image qui domine l’esprit du cultivé et de l’inculte. Nous ingurgitons une masse d’images très conséquentes sans dire mot. Nous ne comprenons rien mais nous faisons comme si rien ne nous échappait. Nous ne savons plus lire l’image et l’image nous phagocyte quotidiennement.
Pour nous, la fable brechtienne, celle qui supporte l’axe sémentique du récit, est la force de ce texte. Nous sommes tous des Pélagie Vlassova. Nous ne comprenons que d’un oeil le monde dans lequel nous vivons. Par belle ou par laide, il nous faudra apprendre la réalité de ce monde (et ce malgré l’image déformée de celui-ci).
Brecht nous offre un filtre de lecture nouveau, malgré les décennies de différence.
A 75 ans de distance ce texte offre encore le développement de l’idée de révolte.
Essayez de vivre sans !"


Le point de vue du maître de musique :

"Nous devons nous rappeler d’un point de vue historique que nous sommes dans un monde où il y a eu des mouvements (sans poser de jugement sur les suites et les conséquences pratiques) où des millions de gens ont voulu changer radicalement les choses, n’ont pas accepté l’état des choses. Cette pièce veut rappeler que nous vivons dans une apathie qui semble dominante. Il y a eu beaucoup de mouvements larges qui voulaient un changement radical. Le parcours de « la mère » est un exemple du chemin possible : une femme seule et perdue trouve une énergie, une deuxième jeunesse dans son engagement dans un mouvement collectif et par là, elle grandit et évolue. A travers ses choix, son travail, ses rencontres et leur objectif commun de changement, d’idéal commun, elle s’épanouit et donne un sens à sa vie, elle renoue avec son fils, avec l’humanité. Ceci s’oppose avec l’individualisme croissant d’aujourd’hui.
Le fait d’être isolé est la pire des souffrances. Le chacun pour soi actuel est représenté dans le début de la pièce. Le chemin qu’elle fait vers le collectif, c’est ce qui fait qu’elle est encore debout. Maintenant, on cherche à se replier, on essaie de se sauver soi-même mais ça ne mène à rien. Tout changement, toute évolution vient et viendra par des choix conscients et collectifs sur toutes les questions : sociales, économiques, environnementales,…
On n’arrêtera pas l’effet de serre uniquement en triant ses déchets.
Cette femme fait un choix vers la collectivité et grandit individuellement, c’était impossible si elle était restée seule chez elle, c’est le message le plus important de la pièce. Le choix de l’individualité conduit à la faire au dépend des autres. Par contre, on peut tous se mobiliser, exiger ensemble une sécurité sociale qui reste fédérale et qui reste le bien et le droit de chacun.
« La mère » a choisi entre l’individu et le collectif, chacun est libre de faire ses propres choix, c’est une erreur de vouloir les imposer mais cette femme donne à voir quelqu’un qui fait avancer les choses et qui nous prouve que ce choix est possible.
N’acceptons pas comme acquis que le chacun pour soi est la seule possibilité. D’autres chemins sont possibles que ce système où il y a un gagnant et où les autres sont dehors."

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